Louis Bertrand : « Le futur des radios associatives »

Louis Bertrand

Louis Bertrand : « Le futur des radios associatives »

 

Présentation de l’auteur :

Louis Bertrand a commencé en autodidacte bénévole à faire de la radio en 2006 et a été à l’origine de la création de RDWA (www.rdwa.fr) dans la Drôme en 2009, radio associative entrée de plein pied dans l’ère numérique et dans lequel un certain nombre d’innovations ont pu être expérimentées dont le podcast illimité dans le temps de tous les contenus. Par ailleurs, en tant que membre du CA de l’AURA FM (fédération des radios associatives Rhône Alpes Auvergne), il travaille à la mise en place du concept décrit dans l’article au niveau régional ainsi qu’au niveau national dans le cadre de la CNRA (Confédération Nationales des radios associatives).

 

Article :

Depuis sa découverte par des précurseurs comme Tesla, Hertz et Marconi entre autres à la fin du XIXème siècle, suivie par la diffusion des premiers programmes quotidiens de radiodiffusion en 1920, puis grâce à l’invention en 1954 des premiers postes à transistors, vite appelés « transistors », la radio est devenu un média extrêmement populaire et démocratique. Si toute une série continue d’innovations ont permis la pertinence de ce média des temps modernes, l’avènement de l’ère numérique marque une rupture sans précédent ici comme dans d’autres secteurs économiques, auxquelles les radios doivent s’adapter si elles veulent rester en phase avec leur époque.

 

En effet, les radios ont vu leurs modes de production des émissions et leurs canaux de diffusion changer profondément. Dans le même temps, des nouveaux médias voyaient le jour et les pratiques des consommateurs de contenus multimédia évoluaient.

 

Dans ces conditions, les radios associatives qui se revendiquent au plus près des citoyens doivent suivre ces changements pour survivre malgré leur taille réduite, leurs moyens financiers restreints et leur influence réduite auprès des centres effectifs du pouvoir (CSA, ministères).

L’AURA FM (fédération des radios associatives Rhône Alpes Auvergne) s’est lancé dans un projet ambitieux impliquant deux concepts novateurs :

 

 

A – La mutualisation de la diffusion des contenus des radios locales sur des sites fédératifs  :

 

Rendre visible les contenus des radios locales sur les sites des fédérations régionales/nationale permettrait d’accroître leur visibilité et leur impact. Cette idée déjà ancienne (puisque déjà essayée à L’AURA FM) se heurtait encore récemment à des obstacles technologiques qui n’existent plus maintenant (redondance dans l’opération de publication des pages et stockage des données).

 

Pour ce faire, il faut développer l’outil informatique permettant l’automatisation des échanges d’émissions entre sites avec leurs pages Internet associées. En conséquence, les sites régionaux voire national (CNRA), alimentés automatiquement en émissions réalisées par les radios locales, deviendraient de facto un média nouveau à la fois local, puis régional et enfin national si les autres fédérations régionales suivent le mouvement.

 

B – Le podcast illimité dans le temps :

 

Le caractère éphémère de la diffusion des émissions radiophoniques est un obstacle à une bonne propagation de l’information. Ainsi proposer aux auditeurs l’intégralité des émissions produites sans limitation de temps, ajoute trois autres fonctions à la radio locale de proximité :

 

B1 – Elle se transforme de facto en agence de communication gratuite puisque les personnes interviewées peuvent se présenter ainsi que leurs actions, projets, associations, entreprises, événements… Pour ceux qui passent souvent, cette trace audio sur Internet peut devenir un support de communication très conséquent.

 

B2 – La radio devient un ILA (Institut Local de l’Audio) : une base de données, une tranche de vie de tout ce qui a été relayé sur le territoire, une archive qui au fil des ans s’enrichit pour devenir une ressource patrimoniale efficace et pertinente. A une échelle plus grande, les sites des fédérations deviendront des ressources mémorielles passionnantes.

 

B3 – La ROD (Radio On Demand) offre un confort d’écoute inégalable via les appareils connectés, à la carte, n’importe où et n’importe quand. L’auditeur fidèle de telle ou telle émission peut la suivre sans pour autant devoir réserver un créneau horaire précis.

 

 

De plus, relayer la diffusion FM et le Simulcast par du podcast sans limitation de durée de tous les contenus permet de dépasser la notion de zone géographique. La radio locale voyage dans la poche de ses auditeurs avec le smartphone.

 

 

 

Ces deux concepts utilisés ensemble augmenteront l’attractivité des radios locales qui s’amplifiera au fil du temps au fur et à mesure de l’alimentation (automatique) en contenus pour finalement devenir une ressource mémorielle incontournable. Cette autre temporalité, plus lente voire « éternelle », à rebours de la « quick life » universellement constatée servirait à merveille la mission citoyenne des radios locales de proximité en offrant une autre façon d’aborder le travail éditorial de celles-ci.

Quelques décennies plus tard (voyons loin), cette base de données audio sera du pain béni pour les ethnologues, sociologues et autre anthropologues pour devenir une INA bis.

 

Pour lire la suite, c’est ici !

 

Pour citer l’article :

BERTRAND Louis, « Le futur des radios associatives », in Sebastien Poulain (sous la direction de), « La radio du futur : du téléchromophotophonotétroscope aux postradiomorphoses », Cahiers d’histoire de la radiodiffusion, n°132, avril-juin 2017, https://radiodufutur.wordpress.com/2017/10/24/louis-bertrand-le-futur-des-radios-associatives/