Cette semaine a lieu le lancement de « La Radio Parfaite ». Voici un entretien exclusif avec Dr. David Christoffel qui est son directeur d’antenne.
« La Radio Parfaite » qui est la radio du Printemps des Arts de Monte‑Carlo (17 mars-8 avril 2017) va émettre à partir du 1er mars 2017 (plus d’informations ici). En attendant voici un début d’entretien de Dr. Sebastien Poulain avec Dr. David Christoffel qui est son directeur d’antenne.
Cela fait plus d’un siècle qu’on attendait « La Radio Parfaite », pourquoi ne fait-elle son apparition que maintenant ?
Il y a eu toute une période de l’histoire de la radio qui a consisté à définir les missions du média radio et ankyloser ses pratiques dans des problèmes de définition. Le point culminant, c’est peut-être le triptyque de 1972 « Informer, cultiver, distraire ». Depuis, il y a toujours des empêcheurs de perfection qui entendent dédier telle ou telle chaîne, quand ce ne sont même tels ou tels groupes de radios, à une seule de ces missions. Au lieu de s’en remettre à des notions d’objectif ou d’ADN (ce qui revient au même), une radio parfaite suppose une intégration complète des missions les unes dans les autres, un brassage constant des savoir-faire et des imaginaires. Et, vous avez raison, il ne fallait pas trop d’un siècle pour se libérer de la séparation ou de la hiérarchisation des missions et concevoir une radio qui entretient un rapport ouvert et décomplexé avec ses possibles, jusqu’à pouvoir porter l’envie de perfection dans son titre. C’est dans cet esprit à la fois d’exigence et d’aventure qu’est née la webradio officielle du Printemps des Arts de Monte-Carlo. Il est vrai que nous aurions pu l’appeler « Radio Monte-Carlo », mais c’était déjà pris.
Le fait que « La Radio Parfaite » se mette à la périphérie, comme son illustre ancêtre, joue-t-il un rôle dans son perfectionnement ?
Assurément. Le fait d’être en principauté donne au festival une liberté particulière et permet des audaces de programmation d’une autre échelle. De la même façon, « La Radio Parfaite » a un rapport spécialement décloisonné aux différentes périodes de l’histoire musicale, aux diverses manières d’en parler et à la variété des genres radiophoniques. On peut y lier couramment musiques anciennes et contemporaines dans la même émission. Sur un modèle le plus participatif possible, on fait se côtoyer sur la même antenne des paroles d’amateurs jusqu’à des propos d’experts au lieu de limiter le discours sur la musique aux seuls témoignages de musiciens et commentaires de critiques. C’est comme ça qu’on arrive à passer de la diffusion d’un concert du festival à des créations radiophoniques exclusives en passant par des poèmes, des fictions… Selon moi, ces différents niveaux de croisements des genres sont autant de facteurs de perfectionnement rendus possible par le fait que la radio dépend d’un festival et notamment parce qu’il s’agit du Printemps des Arts de Monte-Carlo.
Sans nous dévoiler tous les secrets de la recette de « La Radio Parfaite », pourriez-vous nous donner quelques exemples d’ingrédients essentiels ou anecdotiques précis pour nous mettre en appétit ?
De façon générale, il s’agit de chercher comment la musique de répertoire est la composante parfaite pour générer un imaginaire radiophonique spécial où l’écriture sonore amplifie l’accès aux propos des musiciens, musicologues, mélomanes réunis à l’occasion du festival. C’est comme ça que l’habillage reprend des éléments d’interviews, que la présentation d’une émission peut être remplacée par les confessions d’un-e mélomane ou que l’histoire de la musique prête à faire des fictions uniques (comme une reconstitution de la commission du diapason de 1859, par exemple…). Et dans cet esprit de produire des formes radiophoniques de haute intrication avec le fond, la pré-matinale cherche à faire de l’éveil un temps d’écoute du monde : en partenariat avec Synradio, nous avons commandé à des compositeurs des « programmes d’éveil » dédiés à La Radio Parfaite. Et puis, le fait de mettre en dialogue les époques dans le festival et dans la programmation musicale de la radio, génère de concepts nouveaux. Par exemple, Omer Corlaix animera une série d’émissions élaborée à partir de ponts entre les compositeurs liés au Printemps des Arts de Monte-Carlo et le répertoire patrimoine.
La suite de l’entretien dans le futur numéro sur la radio du futur du CHR…